vendredi 13 juin 2014

LE BONZAI, UN CADEAU... EMPOISONNE ?



 

Que celui ou celle qui ne s'est jamais fait cette réflexion me jette la première pierre ! Je m'explique, il a de ça quelques jours, je fêtais mes .. bref c'était mon anniversaire. Histoire de «marquer le coup», Franck, mon très cher ami me concocte un petit diner sur le thème des «Antilles», jusque là tout va bien. Sauf que, à un moment donné, je le vois disparaître dans la pièce d'à côté pour réapparaitre quelques minutes plus tard, un sac à la main «Tu pensais quand même pas que je t'avais oubliée? Bon d'accord j'ai un léger retard mais quand tu vas découvrir ce qui se cache, je serai tout pardonné, c'est que je l'ai cherché celui-là...!». Lance-t-il avec une évidente fierté. C'est un air que je lui connais bien et qui m'inquiète un peu pour être honnête...J'ouvre donc le petit sac blanc et ... Oh! Que vois-je ? Un minuscule arbre...euh c'est quoi ce truc (pensais-je) «Ooooh qu'il est mignon» (je dis) un...un... «Un bonzaï, oui c'est bien ça, un petit bonzaï, je me disais que ton  citronnier devait se sentir bien seul...» me lance-t-il. Faux (je me dis) car je connais mon citronnier par coeur, c'est un solitaire qui aime son indépendance et déteste les casse-couilles ! «Tu sais que j'ai fait tout Paris pour te trouver cette petite beauté précieuse, au fait, sais-tu qu'il a six ans ce petit ?». «Ah bon, parce que ça a une âge ces trucs enfin je veux dire....ces petites merveilles...?». «Quoi, tu savais pas ça ?» (me demande-t-il presque offensé), «Et sinon pour l'arrosage j'imagine que ça boit peu ces choses là ?» « Alors ma poulette, arroser un bonzaï c'est tout un art parce que vois-tu il déteste l'eau stagnante donc il faut que tu le mettes dans l'évier, tu l'arroses suffisamment et tu le laisse bien égoutter avant de le poser dans sa soucoupe, SURTOUT PAS D'EAU STAGNANTE !». Oui bon ça va j'ai connu pire! Tout un art, tout un art je t'en foutrai moi, tout un art...j'ai la main verte moi monsieur, et c'est pas un minuscule arbre qui va m'impressionner...pour ma part, ça sent la plante qui n'a guère besoin d'être arrosée, tu la poses dans un coin et basta, inutile d'en faire tout un plat mais bon je le laisse parler, il a l'air si content de sa trouvaille...
De retour à la maison, je dépose minus sur la table du salon, un endroit bien éclairé et hop, le tour est joué !
Sauf que, cinq jours plus tard, en l'observant de plus près, j'ai comme l'impression qu'il fait la gueule, bizarre parce que ça fait à peine une semaine qu'il a été arrosé donc il ne devrait pas avoir besoin d'eau...Que faire ? J'essaie de déchiffrer la petite carte plantée dans la terre de minus mais j'en apprends guère plus...Heureusement, il y a les forums, je tape donc «bonzaï» dans ma recherche google et là j'en reste bouche bée, je constate qu'il existe un nombre impressionnant de sorte de «bonzaï», et cette question : «le mien c'est lequel?» chokan, tachiki, shakan, kengai, fukinagashi, et encore je vous épargne la liste complète, je m'empare de bonzaï afin de le comparer aux photos de ses différents frères...Ca y est, je crois bien que j'ai trouvé, c'est un bankan, définition du «bankan» : «un arbre qui souffre» c'est bien ma veine tiens, un «arbre qui souffre» bon en même temps on est pas loin de la vérité en ce moment...Bon mais tout ça ne me dit pas comment l'entretenir, je poursuis alors mes recherches et tombe là-dessus .
En résumé, minus n'est absolument pas indépendant (tout le contraire de moi donc), a besoin qu'on s'inquiète pour lui QUOTIDIENNEMENT, (je comprends mieux pourquoi on dit UN bonzaï) ne peut pas rester seul plus d'une journée, bref si vous avez une dent contre quelqu'un , offrez-lui un bonzaï, il s'en souviendra toute sa vie !

Bon en même temps, je suis très attachée à la personne qui me l'a offert d'où cette culpabilité parce  que un bonzaï normalement ça ressemble à ça :


Sauf que le mien, c'est  ça :



la verdure derrière  c'est l'arbre dans la cour...
Que faire ? J'ai peut-être une solution, ce week end, une de mes amies grande spécialiste des plantes on dit d'elle qu'elle a deux mains vertes, doit venir diner à la maison, j'en profiterai pour lui demander des conseils...
Même pas besoin de lui demander quoi que ce soit, à peine arrivée elle tombe nez à nez avec bonzaï... «Martine, c'est quoi cette chose sèche et déplumée ?» «Ben un bonzaï voyons!» «Tu veux dire feu un bonzaï !» dit-elle morte de rire «Tu crois que...non...me dis pas qu'il est...» « Martine enfin, regarde-le, il est sec jusqu'à la racine, non vraiment, la seule chose que tu puisses faire c'est de récupérer le pot pour une autre plante, il est pas mal le pot...». Quelle catastrophe ! Comment je vais annoncer ça Franck ?!? Il va me pourrir, moi la reine des plantes incapable de garder un bonzaï, SON bonzaï en vie quelle honte, ça craint grave ! Pas de chance, il doit justement venir prendre l'apéro demain...Première chose, planquer le pot vide, avec un peu de chance, après un ou deux verres que je prendrai soin de bien lui remplir, il aura totalement oublié bonzaï...Mon plan a failli marcher durant deux heures ,lorsque tout à coup « Et bonzaï alors, comment va-t-il, où es-t-il d'ailleurs ?». A partir de ce moment précis, j'ai subi la pire des humiliations, Franck a aussitôt empoigné son téléphone afin de savoir si le même bonzaï offert à sa soeur quelques semaines plus tôt était toujours en vie...Et il l'était...«Ah si tu savais comme je suis content que tu me dises ça ma petite soeur chérie...Quoi ? Tu es partie en week end mais tu t'es organisée en conséquence pour ton bonzaï ? T'es vraiment une fille qui assures toi !...»
Quand l'amitié ne tient qu'à un... bonzaï...
Donc, si j'en crois le livre d' Anne-Sophie et Marie-Aldine Girard, je ne suis pas pas une femme parfaite...Hey non, car la femme parfaite elle ne laisse jamais mourir ses plantes vertes mais bon ce qu'elles disent aussi c'est que la femme parfaite est une...CONNASSE...Et ça, ça me fait un bien fou (par contre ça craint pour la sœur de Franck)...!